Visites et volontariat à Sangkhlaburi (Thaïlande)

Dans ce carnet, j'aimerais vous parler de mon voyage dans la province de Kanchanaburi en Thaïlande, et de mon expérience de bénévole dans un refuge pour chiens errants à Sangkhlaburi.
Du 1er janvier au 12 février 2013
43 jours
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En janvier 2013, après avoir passé deux semaines à explorer le centre et le nord de la Thaïlande avec mon compagnon, j'ai rejoint une amie baroudeuse pour participer avec elle à un projet de volontariat dans l'ouest du pays. Nous avons alors séjourné ensemble pendant un mois et demi dans la petite ville de Sangkhlaburi.

Si la première partie du voyage avec mon compagnon m'a laissé de merveilleux souvenirs, la seconde reste pour moi inoubliable. Séjourner aussi longtemps au même endroit au cours d'un voyage, participer à un projet local, rencontrer d'autres volontaires, c'était pour moi la découverte d'une autre manière de voyager.

La petite ville de Sangkhlaburi se situe dans la province de Kanchanaburi, tout à l'ouest de la Thaïlande, à deux pas de la frontière birmane.

A l'écart des circuits touristiques, elle est encore relativement peu fréquentée par les visiteurs étrangers. Mais ceux qui prennent la peine de s'y rendre (et il faut plus de 6 h de bus depuis Bangkok) seront séduits par ce lieu où se mêlent culture, nature et douceur de vivre.

Sur place, l'attraction principale est le Mon Bridge (aussi appelé Uttamanusorn Bridge ou Saphan Mon). Ce pont en bois d'un peu plus de 400 m de long permet de traverser à pied la rivière Songkhalia. Il a été construit à la main dans les années 80, puis détruit et reconstruit en 2013 suite à une forte crue. C'est le plus long pont en bois de Thaïlande.

De part et d'autre du pont, des maisons flottantes ont été construites sur l'eau. Elles s'adaptent au niveau de la rivière en fonction de la saison (humide ou sèche), et certaines d'entre-elles font office de guesthouses au confort sommaire.

La rivière Songkhalia sépare Sangkhlaburi en deux. La partie appelée Wangka (ou Mon village) est habitée par d'anciens réfugiés birmans de l'ethnie Môn. Sur les hauteurs de ce village, deux temples bouddhistes peuvent être visités :

Le Wat Wang Wiwekaram a été construit dans un style plus birman que thaïlandais. Il abrite les restes d'un célèbre moine réfugié birman qui a aidé la communauté Môn à s'établir à Sangkhlaburi. Le Chedi Phutthakhaya abrite quant à lui des reliques de Bouddha rapportées du Sri Lanka. Orné d'or, il est visible depuis la rivière. Son entrée est protégée par des Singha, des créatures mythologiques ressemblant à des lions.

Au petit matin, les moines quittent ces temples et descendent dans les rues du village Môn afin de recevoir les offrandes du jour. Leur offrir un peu de nourriture en échange de quelques paroles bouddhistes est en effet une action qui porte chance.


Sangkhlaburi est aussi connue pour son lac de barrage : le Vajiralongkorn lake, aussi appelé Khao Laem Reservoir. Il est alimenté par plusieurs rivières, dont la rivière Songkhalia traversant Sangkhlaburi.

On peut y faire une excursion en bateau jusqu'au Wat Samprasob, un temple englouti. Suite à la construction du barrage dans les années 80, une partie de la ville et de la vallée s'est en effet retrouvée sous l'eau. Seul ce temple est encore visible, et il peut même être exploré à pied quand le niveau du lac est suffisamment bas pendant la saison sèche.

On peut aussi nager dans le lac ou faire du canoë. C'est ce que nous faisions parfois à la fin de nos journées de bénévoles en nous rendant alors à la P. Guesthouse, bien équipée pour ces deux activités. Comme elle était fréquentée par d'autres backpackers, il n'était pas mal vu de s'y mettre en maillot. Les Thaïlandais sont en effet assez pudiques et se baignent tout habillés.

Ceux qui préfèrent la terre ferme pourront explorer Sangkhlaburi et sa périphérie à pied, notamment dans sa partie est qui reste un peu plus rurale et boisée.

Enfin, la ville possède de nombreux hôtels, cafés, restaurants et supermarchés, ainsi qu'un marché couvert où nous allions parfois chercher de délicieux plats à emporter. Le samedi soir se tient le Walking Street Market, un marché de nuit accompagné de spectacles et de concerts.

Mon amie étant vétérinaire, c'est tout naturellement qu'elle avait choisi de se porter volontaire dans un refuge pour chien, le Baan Unrak Thai Animal Sanctuary. Quand je l'y ai rejointe, cela faisait déjà plusieurs semaines qu'elle y apportait son aide.

En Thaïlande comme dans d'autres pays d'Asie, les chiens errants sont nombreux. Mal nourris, parasités et soumis à de multiples dangers (accidents de la route, empoisonnements, attaques), ils sont souvent en piteux état. Malgré cela, les femelles peuvent donner naissance à de grandes portées. En surpopulation, les chiens errants sont alors susceptibles de transmettre aux humains des maladies graves comme la rage.

La rage est encore présente en Afrique et en Asie. Elle est mortelle dans la quasi-totalité des cas. Ceux-ci proviennent pour la plupart de contacts avec des chiens enragés (morsure, léchage, griffure). Si vous n'êtes pas vaccinés contre la rage, évitez de toucher les chiens et les chiots tout mignons en voyage. L'animal peut en effet transmettre la maladie avant d'en montrer les signes.

En Asie, les refuges ont pour but de recueillir les animaux les plus mal en point. Une fois soignés, vermifugés, vaccinés contre la rage et stérilisés, ils sont replacés sur leur territoire. Les moins valides et les plus sociables restent définitivement au refuge dans le but qu'ils y reçoivent des soins journaliers ou qu'ils soient adoptés.

Le Baan Unrak Thai Animal Sanctuary fonctionne sur ce principe. Fondé en 2007 par une anglaise en visite à Sangkhlaburi, il existe encore grâce aux dons et au travail des volontaires. Le refuge est équipé d'une clinique dont l'accès est gratuit pour les habitants de la région. La clinique vétérinaire officielle étant située à 3h de route, c'est une manière d'inciter les propriétaires à venir rapidement en consultation lorsque leur animal tombe malade.

Au cours de nos journées au refuge, nous participions aux soins, au nourrissage des animaux, aux promenades en laisse et aux séances de câlins. A midi, l'école voisine nous invitait à manger ce que les cuisiniers de la cantine avaient préparé. Et le soir, nous nous retrouvions dans un des restaurants de Sangkhlaburi.

Quand le nombre de volontaires était suffisant, nous partions à la recherche de chiens errants à stériliser. Bien souvent, ils n'étaient pas très farouches, et une fois appâtés avec un peu de nourriture puis muselés, ils se laissaient attraper sans broncher. Pour les plus agressifs (et malheureusement souvent les plus prolifiques), il fallait espérer qu'ils s'endorment ce jour-là dans un endroit où nous pouvions les surprendre et les attraper avec un gros filet à papillon avant de les tranquilliser pour les transporter.

Le refuge a en permanence besoin d'aide. Si vous aimeriez apporter la vôtre comme bénévole au Baan Unrak Thai Animal Sanctuary, n'hésitez pas à consulter leur "Volunteer Handbook" pour en savoir plus sur le travail de bénévole et sur les modalités de logement, repas, transports, ...

Chaque semaine, nous avions droit à un jour de repos. C'était alors l'occasion d'explorer Sangkhlaburi ou de partir en scooter découvrir ce qui se cachait plus loin vers la frontière birmane.

A 10 km au nord de Sangkhlaburi, se trouvent notamment des petites huttes sur pilotis construites au bord de la rivière Songkhalia, encore peu profonde à cet endroit. Les visiteurs peuvent s'y asseoir pour boire un verre ou prendre un repas à l'ombre tout en profitant de la rivière.

Pour les plus aventureux, il est aussi possible de louer une grande chambre à air pour faire une séance de "tubing" sur la rivière. Assis sur cette bouée improvisée, il suffit de se laisser porter par le courant avant de rentrer à pied jusqu'au point de départ. [Attention, vous devrez faire cette activité tout habillés. Porter un maillot sera mal vu.]

Quinze kilomètres plus loin se trouve le poste frontière du Col des Trois Pagodes. Ce lieu de passage entre la Thaïlande et la Birmanie a été utilisé depuis de nombreux siècles. Il a aussi été témoin de plusieurs guerres entre le royaume d'Ayutthaya (2ème royaume de Thaïlande entre le 14ème et 18ème siècle) et la Birmanie.

A la fin de cette période de conflit, trois "chedis" avaient d'ailleurs été construits comme symbole de paix. Ils peuvent encore être observés du côté thaïlandais de la frontière. Un marché proposant de la nourriture et de l'artisanat birman est situé à deux pas.

Sangkhlaburi est entourée de jungles et de collines. Notre emploi du temps ne nous a pas permis de les explorer, mais si vous en avez l'occasion, sachez qu'il est possible d'effectuer des treks organisés.

Du même nom que le refuge où nous apportions notre aide, l'association Baan Unrak s'occupe de femmes et enfants réfugiés birmans ou issus d'autres ethnies. Vous pouvez leur apporter votre aide comme volontaire, ou plus simplement, en achetant une part de gâteau ou un repas dans leur restaurant - boulangerie (la Baan Unrak Bakery).

Après six semaines à Sangkhlaburi, il était temps de rentrer vers Bangkok et de reprendre l'avion. Mais à mi-chemin, j'ai eu envie de m'arrêter dans la ville de Kanchanaburi pour y découvrir le fameux pont de la rivière Kwaï.

Aussi appelé "Death Railway Bridge", il fait partie d'une voie ferrée construite par les forces japonaises pendant la guerre 40-45, afin de relier la Thaïlande à la Birmanie. Des centaines de milliers de travailleurs asiatiques et de prisonniers de guerre occidentaux avaient été réquisitionnés pour ce projet. Beaucoup n'y ont malheureusement pas survécu en raison des mauvais traitements, des maladies tropicales et des bombardements alliés.

De nos jours, le pont peut être emprunté à pied, et un train touristique circule sur ses voies pour emmener ses passagers à travers la campagne pour un voyage d'une quinzaine de minutes. Un train "normal" y circule également afin de rejoindre la ville de Nam Tok.

A 80 km au nord de Kanchanaburi se trouve aussi le "Col du Feu de l'enfer" (Hellfire Pass), un musée proposant un parcours de 4 km sur une partie de l'ancienne voie de chemin de fer. Un tronçon de ce parcours consiste en un défilé d'environ 500 mètres de long et profond de 8 à 25 mètres. Il a été creusé jour et nuit par les prisonniers, et à la lumière des torches (d'où le nom de Feu de l'enfer).

Si vous aimeriez vous plonger un peu plus dans cet épisode de l'histoire, les films "The Railway Man" (2013) et "The Bridge on the River Kwai" (1957), tous deux tirés de livres de même nom, vous donneront un aperçu des conditions éprouvées par les "ouvriers" à l'époque.

Depuis Kanchanaburi, il est possible de prendre un bus vers le Parc National d'Erawan (du nom de l'éléphant à trois têtes dans la mythologie Hindoue).

Le parc propose quelques sentiers de randonnées et des grottes à explorer, mais la plupart des visiteurs s'y rendent pour profiter des cascades produites par le torrent "Om Tala" prenant sa source au cœur du parc et se jetant ensuite dans la rivière Kwaï. Ces chutes d'eau s'étalent sur sept niveaux principaux et sur une distance de 1550 mètres.

Les premiers niveaux sont très fréquentés par les familles thaïlandaises qui aiment y pique-niquer et se baigner. Il vaut donc mieux éviter de visiter le parc le week-end (ce que je n'avais manifestement pas pu faire).

Au-delà du premier niveau, la nourriture est interdite et il faut payer une caution pour emporter une bouteille d'eau. Le nombre de visiteurs thaïlandais se réduit alors fortement et vous pourrez effectuer l'ascension vers les cascades suivantes dans une ambiance plus paisible.

Les bassins au pied de ces cascades ont une couleur bleue turquoise suite à une réaction chimique entre l'eau et le calcaire de la roche. Certains sont suffisamment profonds pour y nager, et il semble que le port du maillot soit accepté à condition qu'en-dehors des bassins, des vêtements décents soient portés.