Nous nous sommes levés de bonne heure ce jour-là car nous avions rendez-vous à 7h avec un nouveau chauffeur fourni par l'agence. Pour une fois, il parlait anglais! Travaillant dans l'hôtellerie, Sean (comme il se faisait appeler) était chauffeur à ses heures perdues et il remplaçait le conducteur initialement prévu.
Ce dernier avait peut-être préféré rejoindre sa famille pour le "Mid-Autumn festival", et c'est tant mieux car Sean et son anglais nous sauvera le soir même d'une bien mauvaise situation.
La nursery et les pandas roux
Mais d'abord, il nous a conduits au nord de Chengdu, jusqu'à la "Giant Panda Breeding Research Base", où nous voulions observer des pandas de plus près (58 rmb/p).
Les pandas vivent en altitude, dans les forêts des régions montagneuses. Suite à la déforestation, leur population s'est réduite à quelques 2000 individus qui sont désormais protégés par des réserves naturelles, au Sichuan, Gansu et Shaanxi.
La base de recherche de Chengdu étudie la reproduction assez complexe de ces animaux dans le but de pouvoir réintroduire dans ces réserves des pandas nés en captivité. Pour le plus grand bonheur des visiteurs, des pandas de tout âge peuvent donc être observés au sein de ce centre (qui ressemblait plus à un zoo).
Nous voulions y être à l'ouverture (7h30), car à cette heure-là, les pandas étaient nourris et surtout, la nursery qui abritait les bébés pandas n'était pas encore prise d'assaut par les touristes chinois. A peine nos billets achetés, nous avons donc presque couru jusque là.
Les femelles pandas donnent souvent naissance à des jumeaux, mais choisissent de n'en nourrir qu'un et d'abandonner l'autre. Nourrir un petit lui demande en effet beaucoup d'énergie. De 100 g à la naissance (il est aussi petit qu'un hamster!), il devra atteindre 100 kg à l'âge adulte.
Dans la nursery, les soigneurs ont donc la chance de pouvoir s'occuper des bébés pandas abandonnés et de leur faire des câlins toute la journée. Nous, nous avons juste pu les observer dormir derrière une vitre, mais ils étaient tout de même très mignons à regarder.
Le temps de prendre quelques photos et déjà, nous entendions les groupes arriver. Il était temps de visiter le reste du parc, mais à notre aise cette fois-ci. Direction l'enclos des pandas roux.
Les pandas adultes et les ados
Ensuite, nous avons été voir les pandas adultes. Devenus asociaux avec l'âge, ils avaient chacun leur enclos. Nous avions de la chance ; comme il ne pleuvait pas et qu'il ne faisait pas trop chaud, ils étaient tous dehors, occupés à s'empiffrer de bambous.
Sachant que le système digestif du panda n'est pas adapté à une alimentation herbivore, mais que cet animal persiste à ne manger que des végétaux, il doit passer la moitié de sa journée à engouffrer une trentaine de kilos de bambous pour subvenir à ses besoins.
Et pour ce faire, chacun avait sa technique : assis ou couché, un ou deux bambous à la fois, enfoui sous une pile de bambous ou pas ; ils étaient tous très amusants à observer.
Dans l'enclos des ados, ça se baladait plus que ça ne mangeait. Et ailleurs, c'était parfois déjà l'heure de la sieste. Mais quel que soit l'enclos, nous ne pouvions pas nous empêcher de rester plusieurs minutes devant en poussant des "Ooooh, trop mignons", "Ooooh, trop drôles", "Ooooh, trop choupinous".
Heureusement que l'enclos des bébés pandas en âge de sortir dehors n'était pas accessible ce jour-là, sinon nous n'aurions jamais quitté le parc.
Par endroits, des panneaux didactiques et des vidéos (en anglais) expliquaient le fonctionnement du parc et le mode de vie des pandas.
Le temps est vite passé avec tout ça. A midi, nous étions toujours dans le parc, alors nous avons été manger dans un des restaurants. Ensuite, petit tour par les boutiques de souvenirs, et à 13h, nous retrouvions notre chauffeur.
Nous quittions alors Chengdu pour la "Bamboo Sea de Shunan Zhuhai", au sud du Sichuan.
En route pour la Bamboo sea de Shunan Zhuhai
Au départ, nous voulions visiter le nord du Sichuan, avec les parcs de Jiuzhaigou et de Huanglong. Mais un grave tremblement de terre en 2017, suivi par des glissements de terrain au printemps 2018, avaient rendu le parc de Jiuzhaigou peu accessible aux visiteurs.
Nous nous étions donc rabattus sur le sud, en prévoyant de visiter deux grands classiques: Leshan et Emeishan. Mais tout en bas, sur la carte du Lonely Planet, la "Bamboo sea" nous intriguait. Elle avait donc été inclue dans l'itinéraire, et heureusement, car ce fut la plus belle découverte du voyage!
Mais préparer notre séjour dans la "Bamboo sea" n'a pas été simple. Bien que le Lonely Planet lui consacrait une page, les articles de blogs et les avis de voyageurs concernant ce lieu manquaient cruellement. Et sur Booking, les quelques hôtels qui n'affichaient pas "Chinese citizens only" manquaient d'avis également.
Cette partie du voyage s'annonçait donc plus aventureuse.
La forêt de bambous de Shunan Zhuhai s'étend sur une superficie de 120 km carrés et couvre une chaîne de petites montagnes. On y trouve plusieurs dizaines d'espèces de bambous, mais aussi des lacs, des cascades, et des temples accrochés aux falaises. La "Bamboo Sea" fait partie des "National scenic spots" et a été rendue célèbre grâce au film "Tigre et dragon" en 2000.
Le trajet depuis Chengdu jusqu'à l'entrée Ouest de la "Bamboo sea" a pris un peu plus de quatre heures. C'était là que s'achetaient les billets d'entrée (110 rmb /p).
Le chauffeur devait ensuite nous conduire à l'intérieur de la forêt, où se trouvait notre hôtel. Mais c'est là que les choses ne se sont pas passées comme prévues.
Le bâtiment situé à l'adresse indiquée par Booking semblait abandonné. En en faisant le tour, nous avons rencontré deux femmes qui ont expliqué à notre chauffeur, devenu interprète, qu'elles tenaient bien un hôtel à cet endroit, mais plus depuis un an... N'ayant plus de licence, elles ne pouvaient pas non plus nous loger pour la nuit.
Nous étions un peu sous le choc car la réservation avait pourtant été faite et confirmée à peine quelques mois plus tôt. De plus, il faisait déjà noir et nous étions dans une forêt où peu d'hôtels acceptaient les étrangers. Mais Sean, notre chauffeur / interprète / héros du jour a alors passé quelques coups de fil et nous a déniché un hôtel qui acceptait de nous héberger, du côté de l'entrée Est.
Cet hôtel avait vu des jours meilleurs et la propreté laissait à désirer, mais l'accueil était chaleureux, l'environnement était calme et surtout, nous pouvions y passer la nuit. Au dîner, nous avons rendu les propriétaires très heureux en goûtant la spécialité locale : du bambou aux champignons de bambou.